Jean-Michel Faure-Vincent nous la décrivait comme un de ses plus beaux souvenirs sur l’UTMB « car c’est pour moi le plus gros combat sportif qui a pu exister« . Malgré un départ décalé de 30 minutes et un tronçon en moins à cause des conditions météorologiques, l’édition 2017 a été effectivement intense avec un plateau extrêmement élevé ; François d’Haene, Kilian Jornet, Jim Walmsley ou encore Xavier Thévenard et une bataille entre ces géants.
C’est Jim et Kilian qui prennent en main le premier marathon de la course avec notamment cette scène un peu surréaliste d’un Jim faisant les cent pas en attendant Kilian pour repartir du poste de ravitaillement de St Gervais afin de ne pas plonger seul dans la nuit. Les deux sont suivis de près par François et Xavier.
C’est dans la montée au col du Bonhomme quand tout commence. La neige fait son apparition et Xavier est le premier à perdre le contact à l’arrière de ce groupe. Un gros passage à vide pour le Jurassien et ses chances de victoires et même de podium qui s’évanouissent.
Après un contrôle du matériel obligatoire au ravitaillement des Chapieux, le trio, Jim en tête, repart dans un mouchoir de poche jusqu’au 90ème kilomètre et l’arrivée au refuge Bonatti, sur les hauteurs de Courmayeur, au-dessus du Val Ferret en Italie. Après avoir couru en accordéon, s’étalant parfois d’une minute environ, selon le terrain et le temps passé aux ravitaillement le trio entre dans le dur à l’arrivée à Courmayeur puis dans la montée au Grand col Ferret. Kilian a commencé à prendre du retard, y arrivant à quatre minutes de François. Jim a également dit au revoir aux leaders. Alors que Jim arrivait à La Fouly près de François, fatigué il a eu besoin de plus de temps au ravitaillement afin de récupérer avant de reprendre sa route. Il faut dire que l’américain, qui découvrait alors l’UTMB, avait clairement joué avec ses adversaires pendant le début de la course. Il multipliait les attaques en partant seul devant, avant d’attendre ses rivaux lors des ravitaillements. Pour repartir de plus belle comme s’il voulait les narguer… « Je n’ai pas encore produit mon effort, je trouve simplement qu’on ne va pas assez vite ».
Une stratégie fidèle au personnage, audacieuse, ambitieuse, et légèrement présomptueuse au regard du pedigree des deux hommes avec lesquels il partageait la tête de course. « Je ne comprends pas ce que fait Jim, s’étonnait pendant la nuit Jean-Michel Faure-Vincent, le manager de François D’haene. Quand on joue au yoyo, on finit à un moment ou à un autre par le payer… »
L’Américain s’effondre vers le 100ème kilomètre, dans la descente du Grand Col Ferret, le point culminant de l’UTMB. Il perd 6 minutes sur François rien que dans la descente et parle d’abandonner au ravitaillement, décision qu’il ne prendra pas.

Pour les 50 derniers kilomètres de la course, François d’Haene a lentement mais sûrement créé un écart entre lui et le reste du peloton masculin. Une course et performance hallucinante qui a poussé une foule à s’amasser sur les bords des sentiers accessibles engendrant même des embouteillages à Vallorcine. Seul Kilian arrive à limiter la casse et à rester à seulement quelques minutes derrière le leader.
Alors que François franchit la Flégère et s’apprête à descendre vers Chamonix, Jim attaque la terrible dernière ascension depuis le col des Montets. Mais l’Américain est suivi de près par Xavier qui, après avoir touché le fond, revient très fort dans la partie. L’expérience du Jurassien parle. Une fois les bâtons sortis, Xavier avale les mètres et laisse un Jim essoré sur place.
Au final c’est un magnifique victoire, la 3ème à ce moment-là (avec une 4ème en 2021) pour François d’Haene. Une course intelligente et impeccable. Derrière, Kilian Jornet, pour son retour sur l’UTMB, finit à 16 minutes du vainqueur. Les deux coureurs sont sous la barre des 20 heures (19h01’54 pour François d’Haene) mais avec un parcours légèrement raccourci. Il faudra attendre l’édition 2022 pour voir deux coureurs officiellement sous la barre symbolique !
Timo Tollefson se fraye une chemin sur le podium et finit 3ème profitant des coups de mou de ses adversaires. Lui aussi finit sous les 20 heures et devance Xavier de 10 minutes et Jim de 18 minutes !
Quelle épopée ! Maintenant rendez-vous le 1er septembre 2023 pour une nouvelle édition, la 20ème, de l’UTMB !

Crédits photos Olivier Vin et Damien Rosso






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