Après plus de 53 étapes pour traverser parmi les plus hauts cols du Népal lors de la mythique Great Himal Race, Fleury Roux revient avec un corps en pleine décompression, mais des images et sensations gravées à jamais. Cette odyssée de plus de 1 600 kilomètres et 90 000 m de D+ a non seulement mis ses limites physiques et mentales à l’épreuve, mais a aussi donné naissance à Elevation, un film qui retrace cette traversée inédite et introspective.
« Une décompression totale »
De retour depuis quelques jours, Fleury confiait à Carnet de Trail :
Je sens comme une grosse décompression. Je dors beaucoup, je mange beaucoup. Le corps a envie de récupérer.
La Great Himal Race n’est pas une course comme les autres : c’est une aventure en semi-autonomie, en très petit comité, organisée par Bruno Poirier. C’est aussi une traversée exceptionnelle qui exige autant de rigueur que de force mentale. Pour Fleury, l’appel du Népal a pris sa source bien avant l’épreuve, après un projet initial d’itinérance annulé par le Covid et l’envie de préparer une autre expédition après sa traversée Across Norway ont poussé le trailer vers cette course rare, presque confidentielle, la dernière édition datait de 2017.
L’aventure, entre liberté et adaptation
Chaque jour, chacun trace sa voie, parfois en groupe, parfois en solo. L’itinéraire varie, mais la philosophie reste la même : gagner en liberté.
Ils nous donnent un point de départ et un point d’arrivée, après on peut dessiner notre parcours comme on veut. Ensuite dans la journée chacun fait ce qu’il veut, chacun choisit son chemin. Globalement on fait les mêmes étapes mais pas les mêmes itinéraires. Le groupe s’est divisé à un moment en sous-groupe notamment lorsqu’on est arrivé sur un endroit où certaines personnes nous disaient que les cols étaient très enneigés. Certains parmi nous sont descendus dans la vallée, de mon côté, avec d’autres, j’ai fait le choix des cols et ça l’a fait ! L’ensemble du groupe s’est reconstitué plus tard.
« On partait vers 6-7h du matin, on arrivait autour de 12-14h, et ensuite c’était récupération. »
Un film à la hauteur du projet : Elevation
Tourné sur les sentiers de l’expédition, « Elevation », documente l’expérience unique de Fleury Roux, entre solitude, majesté des paysages himalayens et brutalité du terrain.
Le film mêle images immersives tournées dans les hautes altitudes, sons naturels, réflexions intérieures, et émotions brutes. Plus qu’un récit d’exploit sportif, Elevation est une ode au dépouillement, à l’écoute du corps, et à cette lente transformation intérieure que seule une aventure d’une telle intensité peut offrir.
Il y a un moment où tu ne combats plus l’environnement, tu l’intègres. Enchaîner les cols à 5000m c’était quelque chose. Il faut être bien acclimaté. Au départ, on n’a eu que trois jours, donc c’était insuffisant. Les premiers cols on y allait tranquille mais plus on avançait plus on se sentait bien. C’était vraiment intéressant de voir son corps évoluer, s’acclimater et se sentir de plus en plus à l’aise avec l’altitude
À travers des scènes tournées dans les alpages suspendus, les forêts de rhododendrons, ou les pierriers balayés par le vent, le film interroge ce que signifie « s’élever » – physiquement, mais surtout intérieurement. Elevation n’est pas qu’un film de course, c’est un film d’engagement. Une quête de verticalité dans un monde où tout pousse à aller plus vite, plus bas, plus simple.
Le prix de l’engagement
Participer à la Great Himal Race n’est pas une décision légère : environ 7 000 € de budget, partiellement autofinancé et soutenu par ses partenaires dont Kiprun, le sponsor principal de Fleury. À cela s’ajoute une blessure deux mois avant le départ : une clavicule cassée et opérée, qui a réduit à peau de chagrin la phase de test matériel. Mais cette preuve de résilience s’est révélée précieuse dans les moments les plus durs.
Quand l’humain dépasse l’athlète
Ce qui frappe dans le témoignage de Fleury, c’est sa lucidité sur l’effort mais aussi sur la solitude, les décisions à prendre en autonomie, l’importance du mental quand la météo se dégrade ou que le groupe se disperse.
Le corps s’habitue à cette fatigue. Les dix derniers jours ont été plus durs mentalement. On sent que la fin approche.
Et puis il y a cette connexion aux lieux :
C’était impressionnant de voir autour de nous tous ces sommets, cette diversité : des glaciers, des jungles, des rizières, des alpages suspendus à 4 000 m.
Une invitation à l’altitude
Avec Elevation, Fleury Roux et Elmt Studio nous offrent bien plus qu’un film outdoor : un témoignage précieux sur la manière dont l’homme peut encore se perdre pour mieux se retrouver. La Great Himal Race est un terrain de jeu impitoyable, mais pour ceux qui s’y lancent, elle devient un rite de passage.
🎬 À voir : Elevation, un film Elmt Studio avec Fleury Roux
Carnet de trail 
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