Il est arrivé sans pression, le regard clair et la foulée encore un peu marquée par la Barkley. Sébastien Raichon, figure incontournable de l’ultra-trail engagé, s’est élancé sur cette Terminorum 2025 avec un seul objectif en tête : aller aussi loin que possible, mais surtout, retrouver le plaisir d’être en montagne. Mission accomplie, au terme d’une édition redoutable, conclue par une Fun Run arrachée à quatre minutes près.

« J’étais un peu cabossé après la Barkley. Pas seulement physiquement, mais mentalement également, avec pas mal de choses à gérer aussi personnellement. Le GR20 m’a aidé à me retrouver. Ce n’était pas parfait mais j’étais trop bien dans les montagnes, ça m’a fait un bien fou ! »

Crédits : Jean-Baptiste Bornier / Renaud Fulconis

Une édition plus dure, plus technique, plus Terminorum

Dès le départ – donné à minuit – le ton est posé : un mur dès les premiers mètres, une humidité lourde, et déjà les vêtements trempés. La chaleur étouffe les coureurs dès la première nuit. « D’habitude je supporte mal la chaleur, mais là, ça a été. J’étais dans un bon état d’esprit et j’ai pu m’alimenter correctement ce qui n’est pas toujours le cas. »

Le parcours, quant à lui, a muté. Fini les portions relativement roulantes de certaines éditions précédentes. Place à l’engagement pur : des descentes de rivières, des passages hors sentiers suivis à l’azimut et d’anciens chemins presque invisibles. La Terminorum a clairement franchi un cap, se rapprochant de l’exigence brute de la Barkley, sans pour autant renier son identité.

Crédits : Jean-Baptiste Bornier / Renaud Fulconis

« Cette année, on était clairement sur un terrain beaucoup plus sauvage. C’était plus long, plus technique. Et surtout, le timing, du fait du départ à minuit, faisait que, si tu voulais finir, tu devais t’embarquer pour quatre nuits blanches. »

Solitaire dès le deuxième tour

Le premier tour se passe sans accroc, mais dès le deuxième, Sébastien Raichon se retrouve seul, et dans le sens inverse du parcours, le plus exigeant. « Je sentais que j’envoyais, mais la fatigue s’est installée. J’ai eu un moment de flottement, un peu de somnolence, et je perds du temps. » Au final, il met plus de 16 heures, un retard qui ferme la porte à toute velléité de finish.

Crédits : Jean-Baptiste Bornier / Renaud Fulconis

Mais au lieu de baisser les bras, il reconfigure ses ambitions. La Fun Run, ces fameux trois tours officiels, devient son cap.

« Je savais que je serais seul à partir pour le troisième tour. Et que finir, ce n’était plus possible. Alors je me suis dit : concentre-toi, avance, fais zéro erreur. »

Il s’offre une micro-sieste de cinq minutes, relance autant que possible, et gère sa progression avec minutie. Arrivé au dernier col, Orgeval, il lui reste 1h58. Il connaît le temps qu’il met : deux heures, en condition normale. Il force. Et il touche le caillou avec seulement quatre minutes d’avance.

« Ce moment-là, c’était fou. Il y avait du monde à l’arrivée, de l’émotion. »

Crédits : Jean-Baptiste Bornier / Renaud Fulconis

Une autre philosophie du trail extrême

La Terminorum, si elle s’inspire de la Barkley dans sa structure, s’en distingue aussi par son atmosphère. Plus ouverte, plus conviviale, plus incarnée.

« Tous les coureurs sont soutenus. Il y a une ambiance presque familiale. Ça m’a rappelé le Tor des Glaciers. »

La Terminorum a pris une nouvelle ampleur cette année, elle se rapproche, en ça, de sa grande sœur. Plus rude, voire impitoyable avec celles et ceux qui s’en approchent. Entre la Barkley et la Terminorum, Raichon voit des liens évidents dans le format, l’exigence, l’esprit de l’épreuve. Mais il perçoit aussi une vraie différence dans la manière dont ces courses sont vécues.

« À la Terminorum, il y a une chaleur humaine que tu ne retrouves pas ailleurs. Tous les coureurs sont soutenus, encouragés, reconnus. »

Là où la Barkley reste fidèle à une forme de rigueur froide, avec ses règles strictes, son mystère volontairement entretenu, la Terminorum assume une identité plus libre, plus accessible dans sa manière de fonctionner. « C’est inspiré de la Barkley, oui. Mais ça suit ses propres règles, et c’est très bien comme ça. » Pour lui, cette ambiance presque familiale rappelle celle du Tor des Glaciers. Une philosophie du trail extrême où l’effort solitaire se conjugue à une vraie chaleur collective.

La suite : Tor, Backyard, professionnalisation

Sébastien Raichon entame aussi une professionnalisation assumée de sa pratique : plus de volume, du coaching, un entourage structuré. « Je veux mieux me préparer, mieux récupérer. Il y a encore beaucoup à apprendre. » Quittant l’enseignement, il se plonge dans une nouvelle vie axée à 100% sur sa passion.Ce regain de forme et cette performance lui redonnent de l’élan pour la suite. Cap maintenant sur le Tor des Glaciers, qu’il connaît bien. « Je retourne chez moi. Et je pense que j’ai une belle marge de progression. » Une participation à une Backyard Ultra est aussi prévue peu après. « Un pote du Vaucluse m’a motivé à essayer. Ce ne sera pas la meilleure prépa, juste quinze jours après le Tor… mais pourquoi pas. »

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