Au cœur des terres rouges de l’Utah, la Moab 240 s’impose comme une course hors norme. 386 kilomètres, près de 9 000 mètres de dénivelé, une boucle qui traverse déserts, canyons, plateaux escarpés et forêts reculées. Un défi d’endurance extrême… mais surtout, une traversée intérieure. Deux films récents en témoignent avec force : King of Moab de Max Jolliffe et Miles Over Mind de Sally McRae. Tous deux offrent une plongée rare dans l’intensité physique et mentale de cette course légendaire.
Une épreuve au-delà de la performance
Dans King of Moab, on suit Max Jolliffe, figure du monde de l’ultra endurance. Alors que l’année passée il regardait l’arrivée de Jesse Haynes sur le live Youtube de la Moab, il est là, parmi les favoris cette année 2024 pour cette course infernale. Mais le film ne se limite pas l’exploit de courir la Moab : il montre un coureur posé, lucide, en parfaite écoute du terrain. Un athlète au fond du trou qui ne peut compter que sur la patience.
Le film met en lumière une vérité que tout traileur connaît : au-delà d’un certain seuil, la course ne se joue plus sur le plan physique, mais dans la capacité à rester présent, à accepter l’inconfort, à avancer quand plus rien ne le justifie rationnellement.

L’ultra comme chemin de résilience
Avec Mind Over Miles, Sally McRae livre un récit tout aussi épique et puissant. Athlète chevronnée du team Nike, elle choisit Moab comme terrain de transformation personnelle. Elle s’engage sur cette course, la dernière du Grand Slam 200 ; un challenge sur quatre ultra-distance : Cocodona 250, Tahoe 200, Big Foot 200 et Moab 240. Ce film s’apparente davantage à un journal de bord qu’à une simple captation de course. On y découvre une athlète traversée par le doute, la fatigue, la douleur – mais surtout portée par une détermination sans faille qui ne laisse rien au hasard notamment l’ordre de ses pacers.
Sally et Max ne courent pas simplement pour battre un chrono, mais pour décrocher un graal, pour entrer dans un cercle restreint d’athlètes, pour montrer à ses proches, pour montrer à ses enfants ce que signifie la persévérance, et pour affirmer que l’on peut être fort.e dans la douleur et plus fort.e que la douleur comme le rappelle fréquemment Sally : “Stronger than the pain” . Une philosophie que chaque ultra-traileur, tôt ou tard, comprend intimement.
Moab, terrain d’expérience totale
La Moab 240 ne ressemble à aucune autre course. Ce n’est pas seulement sa distance ou son profil qui la rendent redoutable, mais la manière dont elle expose les coureurs à l’isolement, à l’alternance brutale de températures, à l’absence quasi totale de repères. Les nuits sans fin, les hallucinations, les doutes… Tout y devient matière à introspection.
Dans les deux films, le désert devient un personnage à part entière. Silencieux, magnifique et exigeant. Il ne juge pas, mais il teste. Et ceux qui s’y engagent le savent : on n’en ressort jamais tout à fait le même.

Une course, deux regards, une même vérité
King of Moab et Mind Over Miles offrent deux visions complémentaires d’une même épreuve : l’une très centrée sur la gestion, la préparation, la stratégie de course ; l’autre sur la résilience émotionnelle et mentale. Mais les deux convergent sur un point essentiel : la Moab 240 est un voyage intérieur. Elle dépasse le cadre sportif. Elle met à nu. Elle oblige à aller chercher en soi ce qui permet de continuer quand le corps ne répond plus.
Il existe peu d’épreuves comme la Moab 240. Elle attire des profils atypiques, repousse les limites de l’endurance humaine, et fait surgir des récits puissants. Pour les passionnés de trail longue distance, c’est une course à part, presque initiatique. Et grâce à ces deux films, elle devient aussi un témoignage : celui d’une humanité mise à l’épreuve, mais toujours debout.






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