Avec son expérience riche et variée, elle nous apporte une perspective nouvelle sur l’entraînement en trail.
L’entraînement made in trail
L’expertise de Chloë Lanthier ne se limite pas au simple coaching mental, elle est spécialiste de la haute performance et de la biomécanique.
Quand je travaille avec des athlètes ou des équipes c’est souvent pour résoudre des problèmes, un surentraînement, blessures, etc.
À Chamonix, où elle encadre des stages de course à pied, elle constate un manque de professionnalisme dans l’entraînement des coureurs de trail. « Il manque de la précision » explique-t-elle. « C’est un sport qui a grandi très rapidement, n’importe qui peut être coach, donner des conseils et beaucoup de coureurs et coureuses s’entraînent finalement en autonomie. Il est indispensable d’amener ce qu’on a en dans d’autres sports pro, comme sur la route, le vélo, le VTT ; c’est nécessaire aujourd’hui. «

C’est une réalité dans le trail, et cela peut couter cher à certain.e.s, tout le monde peut s’auto-désigner coach et donner des conseils et consignes en guise d’entraînement. Voire, avec les nombreux programmes qui peuvent exister sur Internet, même plus besoin de coach. Mais cela à un coût élevé, « Ça ne va pas. 50% des personnes qui s’inscrivent à l’UTMB ne finissent pas. » Chloë Lanthier critique l’idée que s’inscrire à une course prestigieuse comme l’UTMB fait de quelqu’un un roi, encore faut-il finir (et sans blessure). Elle insiste sur l’importance de l’entraînement et de la préparation pour réussir dans le trail et l’ultratrail, ce qui n’est pas encore au niveau pour beaucoup.
Surmonter les moments de doute et de fatigue extrême
« On ne peut pas dissocier le mental du physique » affirme-t-elle. « Il faut de l’intensité dans l’entraînement. Pousser une vitesse pour travailler la sensation et la perception de l’effort. Ça augmente notre résistance à la fatigue, et notre mental va suivre, on va être conscient de pouvoir pousser à ce point-là.«
Pour aider les coureurs à surmonter les moments de doute et de fatigue extrême, Chloë Lanthier insiste sur l’importance de l’intensité dans l’entraînement, aussi bénéfique pour le physique que le mental.
S’il y avait donc un mantra à appliquer ce serait : Être conscient du potentiel, être conscient de ce qu’il nous est possible de produire.
Chloë l’observe, beaucoup de coureurs de trail accumulent du volume mais manquent d’intensité. « Le travail en intensité c’est primordial car sinon tu accumules de la fatigue mais pas de l’énergie. J’utilise, par exemple, des entraînements en watts pour améliorer la performance en montée« . Explorer ses limites pour gagner en confiance semble être un des leit motiv. Il y a plein de façons de gagner en confiance dans sa pratique notamment avec des entraînements techniques, c’est le cas par exemple en descente. « Descendre fort ça s’apprend, en stage j’ai pu voir des personnes qui me disaient se faire doubler à chaque descentes mais qui n’avaient jamais appris à descendre et donc manquaient cruellement de confiance« .

Cette confiance permettra de passer outre certains obstacles mais cela ne suffira pas pour que la tête suive voire fasse avancer alors que la fatigue et la douleur sont là depuis des heures ; au-delà il faut s’entraîner et s’habituer à la souffrance.
Entraîner la souffrance
Pour s’entraîner à souffrir et à accepter cette souffrance, Chloë Lanthier recommande de pousser les limites. « Entraîne-toi à pousser fort afin de descendre ta perception de l’effort. Il faut pousser pousser, c’est ça d’être un athlète ; ce n’est pas forcément de gagner une course mais de savoir pousser jusqu’au bout. »
Là se trouve tout l’enjeu des courses, qu’elles soient courtes ou longues : dealer avec la fatigue.
« Celui qui gagne c’est celui qui ralenti le moins. Celui qui ne relâche pas. C’est de persévérer et la résilience. Il faut savoir construire son parcours, ça prend du temps.«
Et au cœur de tout ça pour Chloë Lanthier il y a le mindset et la stratégie de contrôle. Le mindset, ou état d’esprit, occupe une place importante pour Chloë, elle l’évoque notamment dans son livre Sans limite. C’est le fait de garder le contrôle et de savoir comment le reprendre en cas de pépin, de douleurs, d’erreur de chemin ou tout autre couac de la course. « Si quelque chose se passe, on peut reprendre le contrôle, il faut absolument savoir s’adapter. »






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