L’idée de Gilles Bordenave était évidemment de découvrir cette course mythique qu’est le Marathon des sables mais aussi de partir seul à la rencontre du désert avec trois pays visités, à la frontières du Maroc, de l’Algérie et de la Mauritanie.

L’idée de vouloir enchaîner le trek et le Marathon était juste un pari fou. Le trek était ma priorité puisque cela faisait 20 ans que j’avais traversé une partie de l’Afrique de l’ouest en solitaire ,du nord au sud (Maroc /Sahara occidental – Mauritanie -Sénégal). Je souhaitais donc revivre cela pour cet anniversaire des « 20ans après ».

Le Marathon des Sables a juste était comme une évidence d’y participer, étant donné que j’allais me trouver dans la même région à ce moment là, et que cela me trottait dans la tête depuis un certain temps.

C’est donc un challenge inédit que j’ai voulais surmonter, pour me prouver que je pouvais encore réaliser de belles choses à mon âge.

Du haut de ses 52 ans et surtout de ses expériences en matière d’aventure, Gilles Bordenave est sorti (quasi)indemne de ce premier périple. Gilles nous raconte la transition entre l’arrivée de son trek et le départ du MDS :

La transition a été quelque peu stressante. C’était la 1ere fois que j’allais participer à un évènement sportif de grande envergure, sans aucune préparation pour ce type d’événement.

L’enchaînement a été assez brutal, puisque j’ai terminé mon trek en solitaire seulement 3 jours avant le début du MDS. De plus, je n’avais aucun repère et je ne savais pas si j’allais pouvoir tenir le rythme, car la vraie différence entre mon trek et le MDS, est le délai de la barrière horaire qui est prévu pour chaque étape. 

J’ai vécu les étapes les unes après les autres comme si c’étaient la dernière.

Dès le 12 avril 2024, Gilles Bordenave a rejoint plus de 50 nationalités pour participer à cette course légendaire.

Comme prévu, j’ai participé à ce MDS en le faisant en marchant sur la totalité de l’épreuve. A aucun moment , même au départ de chaque étape, je n’ai couru. Cela faisait aussi parti de mon challenge. En effet, 90% des participants effectué ce MDS en courant ET en marchant. Impossible donc pour moi de jouer la carte du classement, mais je devais me tenir à mon objectif quoiqu’il arrive. La barrière horaire était fixée à 3,5km/H, et il fallait prendre en compte les différents arrêts ( CP, repas, etc.). Autant dire que l’allure devait être supérieure à 4,5km/H voire 5.

La 1ère étape (30km) a failli être ma dernière.En effet, j’étais stressé tout au long de celle-ci. Voyant des participants me doubler sans cesse, me rendait nerveux et cela me pousser à marcher plus vite, et à ne pas m’arrêter aux différents CP pour recharger en eau. Je n’ai donc quasiment rien bu sur les 20 premiers km. A 7km de l’arrivé, j’ai eu des crampes au mollet et ma cuisse droite. Je ne pouvais quasiment plus marcher. Jai terminé péniblement et je suis arrivé dernier de mon bivouac (nous étions 8 par tente). Classement de cette étape 748/850. Autant dire que j’étais inquièt et déçu pour la suite à venir.

J’ai passé la soirée à me reposer et à me masser.

La suite s’est bien passé.

J’ai vécu l’étape 2 (40km) tranquillement, et suis remonté au classement vers la 600éme place, tout en marchant.

L’étape 3 dite longue (85km) a été juste magnifique et extraordinaire. En marchant jour et nuit, les rencontres avec les participants ont été magiques et les vues extraordinaires. Je n’ai quasiment fait aucune pause, si ce n’est sur le CP3 où je me suis malencontreusement endormi sur une micro sieste de…3 heures. J’ai malgré tout pu finir avec un classement parmi les 500 premiers avec un temps de course « en marchant » de 24 heures.

L’étape suivante de 40km, a été la plus inattendue. En effet, avec peu de repos après la longue, mon corps a souffert de tout cet enchaînement. Durant toute cette étape, j’ai serré les dents pour tenir et pour continuer a avancer sur un rythme effréné. Mon mental a été mis a rude épreuve, et sans que je m’en rende compte, les émotions sont montés et j’ai fondu en larmes juste après l’arrivée au bivouac. J’ai craqué. Mes camarades de camp m’ont soutenu encore une fois.

Durant cette course, nous étions dans des dunes de sables, et j’étais passé en mode « warrior » tant mon corps me faisait mal , et cela a puisé pas mal d’énergie au fond de moi. 

Physiquement, l’ensemble des participants étaient blessés. Nos pieds étaient mis a rude épreuve et la file d’attente vers le staff médical étaient interminables.

L’avant dernière étape de 30km, était juste la moins intéressante de part plusieurs raisons. La première parce que nous avions hâte que tout cela se termine. Nous savions que nous avions fait le plus dur, et nous voulions surtout arriver pour vivre la dernière et ultime étape du FINISHER. Classé aux alentours de la 465eme place, le but était était quasi atteint. Pour un marcheur ce n’était pas si mal. Il faut dire qu’il me fallait parfois plusieurs dizaines de kilomètres pour rattraper certains marcheurs qui avaient décidé de courir à chaque départ d’étapes. Parfois, ils se mettaient à courir sur des centaines de mètres, puis reprenaient la marche, et cela  à plusieurs reprises. C’était finalement astucieux pour grappiller des places au classement. Mais ce n’était pas mon but. La dernière étape, celle qu’on attendait tous, était juste intense. 20km de ligne droite pour enfin espérer obtenir cette médaille de FINISHER qu’on souhait tous.

Chacun est parti avec une allure supérieure à d’habitude. J’ai également effectué une marche assez rapide >6km/H, mais insuffisant pour espérer un bon classement d’étape.

Une fois à l’arrivée, l’émotion a resurgi. Quelques larmes, une fierté, une joie intense.

Un évènement qui m’a apporté des sentiments que je n’avais jamais ressenti durant tous mes treks en solitaire. Un partage de cette souffrance avec de nouveaux camarades qui finalement sont devenus des amis de la vie. Des liens à tout jamais.

Gilles Bordenave, dont les plus grandes épopées incluent la traversée de l’Amazonie sur 155 jours en 2016 et la traversée du Sahara/Sahel sur 182 jours en 2004, a une fois de plus prouvé sa détermination et sa capacité à repousser ses limites. Son trek dans le Sahara et sa participation au Marathon des Sables entrent donc dans une belle lignée d’aventures.

Une réponse à « Trek sahraoui et Marathon des Sables : Gilles Bordenave relève un double défi »

  1. Bonjour, juste une remarque, sauf erreur je ne vois jamais les crédits photos.

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