Après sa deuxième place aux championnats de France Manon Bohard-Cailler brille en ce début de saison 2023. Victoire sur le MIUT, 3ème place aux championnats du monde et un titre par équipe. L’athlète Hoka voulait prendre sa revanche après une contre-performance en Thaïlande en 2022 et c’est réussi ! Alors que l’objectif de l’année se dessine pour début septembre, Manon nous parle de l’ultra et de ses courses.

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Carnet de trail : Vous avez ajouté à votre beau palmarès la MIUT il y a peu, une belle victoire et une course qui semble avoir été maîtrisée du début à la fin. Comment avez-vous vécu cette course ? c’était quoi votre stratégie ?

Manon Bohard : Pour le MIUT je dois avouer que j’étais surtout partie dans l’optique de prendre un maximum de plaisir et de confiance sur un parcours exigeant avec la gestion du matériel, de la nuit, de la nutrition et du terrain pour cumuler des apprentissages et expériences pour la suite de la saison (notamment mes deux prochains gros objectifs que sont les mondiaux et l’ UTMB) faire un départ très prudent et en gestion pour pouvoir accélérer et être bien courir la 2nd partie sur la fin et surtout faire des tests côté alimentation. J’ai vécu une course avec énormément de plaisir, de partage avec mon papa et une grande surprise de voir que je me détachais déjà dès le début et prenais la tête de la course, vu les expériences et niveau des autres filles, la forme est là et c’est de bonne augure pour la suite. Après voilà, on va continuer à bien travailler, s’entraîner et expérimenter pour améliorer ce qui reste encore fragile.

Carnet de trail : En 2022, l’UTMB ne s’est pas passé comme prévu avec un abandon, comment on surpasse une déception comme celle-là ? 

Manon Bohard : L’UTMB 2022 n’est toujours pas digéré ( et c’est bien le cas de le dire). Et c’est bien pour celà que j’y retourne directement car on a bien analysé les choses, la forme était bel et bien là, la pression, le stress et le fait de sortir complètement du plan fixé et d’une course tellement l’ambiance autour est particulière… Il fallait le vivre une fois pour se rendre compte de ce que c’est, l’ UTMB c’est mythique, indescriptible et sportivement je veux essayer de le préparer plus sérieusement, consciencieusement en approfondissement plus les éléments qui m’ont complètement échappés en 2022, que j’ai presque banalisé… Parce que le parcours, je pense l’avoir dans les jambes. Le reste, il faut encore que je le mentalise pour parvenir à une course pleine et satisfaisante. J’y pense tous les jours depuis fin août l’année dernière…

Carnet de trail : Vous êtes plutôt engagée sur des ultra, qu’est-ce qui vous attire dans cette discipline du trail ? Comment êtes-vous tombée dedans ?

Manon Bohard : Pour moi l’ultra c’est un peu comme un voyage, physique et introspectif à travers la nature en passant de paysages en paysages, d’un état d’esprit à l’autre, d’un compagnon de route à l’autre, d’un effort à l’autre, d’un imprévu à l’autre… Un bout de vie accélérée. J’adore celà car ça me procure des émotions incroyables, me renvoie au fait que je peux être toute petite face à la nature et pourtant me sentir si grande et si vivante ! C’est assez indescriptible de l’intérieur et quand on partage ensuite son aventure en famille, entre amis et que l’on croise les regards de l’intérieur et de l’extérieur, c’est encore plus beau et on continue quelque part de vivre sa course. J’aime aussi les efforts plus courts, plus rapides, en tout cas j’apprends à apprécier ce type d’effort qui se rapproche peut être de performance purement « physique ». Il faut de tout je pense pour progresser comme une coureuse plus polyvalente.

Carnet de trail : L’ultra c’est une gestion de l’effort physique mais aussi énormément de mental, comment gérez-vous cet élément là ? Comment on se bat contre la fameuse paincave ?

Manon Bohard : Je pense avoir eu des expériences par le passé, une éducation, le goût du sport, de l’effort, de l’accomplissement et de la résilience dans la difficulté qui me donne plutôt des bonnes capacités mentales. Le point clef, c’est plutôt bien gérer le stress, la pression que l’on se met parfois. Pourquoi on est là, pourquoi on a choisi cet objectif, nos motivations internes qui nous font prendre le départ, l’envie et l’excitation de vivre une aventure. Si tout celà est réuni, ça fonctionne, si l’envie et les motivations restent floues et que l’on n’est pas convaincu que l’on est capable, on se rajoute des obstacles à finir un ultra. Toutes les courses sont différentes, comme notre état d’esprit et notre intégrité psychologique. C’est sur qu’il faut que les planètes soient un peu alignées mais que la prépa et le chemin pour tendre vers cet objectif ait été fait dans un engagement total pour que cela se passe au mieux, après il suffit juste de kiffer… la cerise sur le gâteau. Pour terminer on ajoute encore quelques autres éléments que sont la prépa et l’état de forme/santé, la nutrition, le matériel, etc. ça en fait des choses à analyser et optimiser mais l’essentiel je pense que c’est bel est bien le mental et psychologique !

Carnet de trail : C’est quoi l’objectif principal cette année ?

Manon Bohard : L’objectif principal? L’ UTMB bien sûr…et si mon père parvient à se qualifier et prendre aussi le départ, ce sera même un rêve qui se réalisera!

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