Carnet de trail

Nous avons appris il y a peu que le trail du mont Ventoux, prévu en juillet, est d’ors-et-déjà annulé à cause des risques de fermeture de zones et des risques d’incendie. L’occasion de revenir sur les liens et les enjeux du trail et de l’écologie.

Le trail est un sport par essence de plein air offrant une immersion dans la nature au cœur de paysages souvent reculés et sauvages. Officiellement, le trail est défini par l’ITRA comme une compétition pédestre ouverte à tou.te.s dans un environnement naturel, les passages sur les routes cimentées ou goudronnées ne devant pas excéder 20 % de la distance totale. L’enjeu écologique est donc évidemment un enjeu particulier, et le trail ne peut rester aveugle aux nécessaires bouleversements de notre société.

Les courses nous permettent fréquemment de parcourir des espaces naturels splendides mais protégés (parcs nationaux, réserves naturelles, zone natura 2000, etc.). Le passage de centaines, voire de milliers de coureurs dans les sentiers a nécessairement un impact sur la végétation, la faune et les sols. Il ne faut donc pas sous-estimer l’impact environnemental d’une épreuve de trail et ce à divers titres : modes de transports pour arriver jusqu’à l’épreuve, dégradation des sols due au piétinement des participants, gestion des déchets, etc.

Les événements, qu’ils soient petits ou grands, doivent aujourd’hui s’interroger quant aux changements nécessaires qu’impose la crise écologique et sur l’évolution de leurs pratiques. La plupart des organisations sont aujourd’hui attentives aux enjeux écologiques. Le High Trail de la Vanoise qui traverse la Réserve naturelle nationale de la Grande Sassière a par exemple conclu un accord avec le parc pour que cette course se passe au mieux et toute sortie des sentiers du parc sont sanctionnées. D’autres organisations mettent de côté les fameux t-shirts de finishers pour d’autres prix (voire aucun prix) limitant ainsi une production textile inutile au regard du nombre de t-shirts de course que nous avons déjà tout.e.s. Certaines organisations limitent également le nombre de participant.e.s, modifient les ravitaillements afin de réduire les déchets, collectent et ré-utilisent les écocups comme sur l’ultratrail du Vercors. 

L’éthique et l’écoresponsabilité sont ainsi au cœur du projet de nombreux évènements mais les athlètes aussi s’interrogent sur leur empreinte carbone et proposent des alternatives. Un des ambassadeurs, depuis des années, est évidemment Kilian Jornet. Ambassadeur pour un site de vente de textile et de matériel de seconde main avant de lancer sa propre marque qui se veut ne laisser aucune trace sur la planète (qui en laisse moins en tout cas). Mais la réflexion de K. Jornet va plus loin en prenant en compte l’aspect écologique dans son calendrier de courses avec le souhait de ne pas prendre trop fréquemment l’avion. D’autres athlètes évidemment sont engagé.e.s, Xavier Thévenard mouille le maillot pour sensibiliser aux enjeux du changement climatique et a d’ailleurs rejoint la Fondation Kilian Jornet, Andy Symonds a renoncé à se rendre en Thaïlande pour les championnats du monde jugeant “irresponsable de tenir un discours en faveur de pratiques responsables et de prendre l’avion pour aller courir 8 heures”. Dans la même veine, Innes Fitzgerald a renoncé début 2023 aux championnats du monde de cross-country , refusant également de prendre l’avion et de se rendre en Australie.

Le trail est un sport de pleine nature et nous devons prendre en compte les conséquences de notre pratique. Piétinement des sols, trous de nos bâtons, déchets éparpillés dans la nature, coût carbone du déplacement, etc. sont, malheureusement, peut-être des impondérables de notre sport, il nous faut donc avoir en tête que des efforts sont à fournir et nous en sommes les premier.e.s responsables.