Athlète du team Matryx depuis la création de l’équipe, Anaïs Sabrié navigue entre ses étude de médecine et le haut niveau. A Carnet de Trail on a voulu échanger avec cette coureuse de folie et les choix qui se présentent.

Carnet de Trail : Vous ne vous en cachez pas, l’année 2022 a été compliquée, quels enseignements et ajustements pour 2023 ?
Anaïs Sabrié : Oui, la saison 2022 a été compliquée. En mars 2022 j’ai commencé ma première année d’internat en médecine en Allemagne. Je suis dans un service de gastroentérologie et je fais aussi des gardes de nuit et le week-end aux urgences. J’adore mon métier vraiment, j’assume totalement et je ne cherche pas à me trouver des excuses. J’ai beaucoup travaillé ces trois dernières années pour enfin commencer mon internat. Ce métier c’est celui de mes rêves et jusqu’à présent j’ai toujours été au travail avec une profonde envie de l’exercer. Je fais les choses à 100%, alors j’y laisse beaucoup d’énergie.
Les ajustements pour 2023 c’était de prendre un temps partiel. Mais j’ai du mal à prendre une décision sur le fait de vouloir passer à 60%. Et ce n’est pas aussi simple que ça. Même en travaillant à 60%, souvent on se retrouve finalement à faire 80%. Ensuite les périodes que j’ai demandé sont celles avant des compétitions et il faut pouvoir accorder tout cela avec le planning de tout le monde au travail, c’est loin d’être simple.
Avoir des moments de doutes, des passages à vide, cela fait partie de la vie des sportifs de haut niveau. Souvent on a peur / honte d’en parler alors que si on s’en sort on revient souvent plus fort. Et puis si on ne revient pas ce n’est pas grave non plus. Il n’y a pas que le sport de haut niveau dans la vie. La vie de sportif de haut niveau est (je trouve) assez égoïste si on le prend d’un certain regard.
Carnet de Trail : Quel est votre programme pour le début de la saison ?
Anaïs Sabrié : Je voulais faire les championnats de France de Trail mais actuellement je suis blessée à l’adducteur gauche. Je passe une IRM demain (ndlr, l’entretien a eu lieu le 20 mars 2023). Je prends la saison au jour le jour pour le moment. J’espère surtout que je pourrais recourir sans douleurs au plus vite. Le reste suivra. Si c’est possible j’aimerais faire les championnats de France de course en montagne, mais ça me paraît un peu utopique. Donc pourquoi pas le Marathon du Mont Blanc. En tout ce qui est sûr à 100%, c’est Sierre-Zinal !

Carnet de Trail : Vous avez déjà annoncé que Sierre-Zinal était un des objectifs de votre saison, qu’est-ce qui fait de cette course un rendez-vous particulier ?
Anaïs Sabrié : Oui Sierre-Zinal est cochée. Je ne sais pas complètement pourquoi j’apprécie autant cette course. Elle reste quand même une grande classique, et c’est peut être grâce à elle que j’ai « percé ». Et en tant qu’Elites on est vraiment traités comme des rois. L’organisation se coupe en quatre pour nous mettre dans les meilleures dispositions sans s’en mettre plein les poches (au contraire d’autres grosses organisations…). Là-bas il y a un vrai respect de la performance, du sportif, de l’environnement, un respect de la montagne. On n’est pas jugé sur des critères de like sur instagram mais sur sa vraie personne. Ça me correspond beaucoup plus.
Carnet de Trail : Vous êtes dans le Team Matrix depuis sa création, qu’est que vous a apporté l’équipe ? C’est quoi la marque de fabrique du Team Matrix ?
Anaïs Sabrié : Matryx c’est une structure de haut niveau pour aider les sportifs de haut niveau et les accompagner au mieux surtout s’ils ont un double projet. Moi ça m’apporte surtout un soutien logistique quand on est en compétition, j’ai aussi la partie entraînement grâce à Simon Gosselin qui est l’entraîneur du team. Et puis un petit soutien financier. Mais même s’ils valorisent le double projet, c’est quand même mieux d’être à 60-70% sur le côté sportif. Et puis avant tout c’est une aventure humaine, des amis que je me suis fait et qui le resteront à vie (enfin j’espère) quoi qu’il arrive.
Carnet de Trail : J’ai pu lire que vous pensiez à Paris 2024, une transition vers la route pour l’occasion ?
Anaïs Sabrié : Pour Paris 2024 je ne parlerai pas d’une transition. J’ai toujours fait de la route. Et là où j’habite, il y a quelques côtes mais je fais surtout du plat. Mais j’adore ça aussi. Au début de mes études quand je suis partie en Allemagne j’ai commencé à m’entraîner 5/6 fois par semaine alors qu’au Lycée je ne le faisais que 2/3. Et j’ai surtout progresser sur la route au début. Donc je parlerais plutôt d’une focalisation sur la route. Mais bon le temps passe vraiment très vite. Paris c’est déjà l’an prochain. J’ai fait 2h36 à Zürich l’année dernière. Les minimas sont à 2h26. Il faut rester lucide. Peut être que si j’avais décidé de me consacrer à 100 % j’aurais pu essayer mais là c’est impossible. Et ce n’est pas grave. C’est clair dans ma tête. J’aime beaucoup trop mon travail.
Carnet de Trail : ça signifie quoi pour vous courir ?
Anaïs Sabrié : Courir c’est la liberté, se sentir vivante, se libérer et s’apaiser.
Tout simplement.






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